Dans cet article, je vais vous exposer le plus clairement possible cette notion primordiale mais technique qu'est le conditionnement.
Nous pourrions synthétiser son fonctionnement par la formule : "action - réaction" que j'emploie fréquemment en séance d'éducation canine. Il est cependant intéressant de comprendre ce mécanisme plus en profondeur pour travailler plus finement et améliorer l'éducation de votre chien.
Dans l'éducation canine, on parle souvent de conditionnement opérant et de conditionnement classique qui sont deux approches fondamentalement différentes pour enseigner et modifier le comportement des chiens.
Conditionnement Classique :
Mécanisme : Dans le conditionnement classique en éducation canine, un stimulus neutre (comme le son d'un clic ou le mot " oui ! ") est associé à un stimulus inconditionnel (comme une récompense alimentaire) afin de créer une association entre le son et la récompense. Ce processus est souvent appelé le conditionnement par association.
Exemple : Si chaque fois que vous donnez une friandise à un chien, vous faites également entendre un " oui ! ", avec le temps, le " oui ! " devient un signal pour le chien qu'une récompense est à venir. Ainsi, le chien apprend à associer ce son à la récompense, et cela peut être utilisé pour renforcer des comportements souhaités.
Application : Le conditionnement classique est souvent utilisé pour aider à établir des associations positives avec des commandes ou des comportements spécifiques chez les chiens. Personnellement, la situation où ce processus est le plus utile selon moi est l'attention que le chien nous porte en extérieur. En effet, associer son regard sur nous à une récompense permettra d'apprendre au chien à consulter notre langage corporel plus régulièrement, et donc son focus. En travaillant notre détente et notre cohérence, on gagne en efficacité dans l'éducation du chien.
Conditionnement Opérant :
Mécanisme : Dans le conditionnement opérant en éducation canine, les comportements du chien sont modifiés en fonction de leurs conséquences. Les comportements qui sont suivis par des récompenses souhaitables sont plus susceptibles de se reproduire, tandis que ceux suivis par des conséquences indésirables sont moins susceptibles de se reproduire.
Exemple : Si un chien s'assoit et reçoit une friandise, il est plus probable qu'il répète le comportement de s'asseoir à l'avenir. En revanche, si le chien tire sur la laisse et que cela conduit à un arrêt immédiat de la promenade, le comportement de tirer sur la laisse est susceptible de diminuer car le retrait de la récompense ''se promener" équivaut à une punition pour le chien. Nous pouvons également nous appuyer sur le conditionnement classique afin de doubler la récompense ou la sanction d'un marqueur sonore afin d'appuyer le message et mieux enseigner la conséquence.
Application : Le conditionnement opérant est souvent utilisé pour enseigner des comportements spécifiques aux chiens, tels que s'asseoir, rester, venir quand on l'appelle, marcher en laisse sans tirer, etc. Il peut également être utilisé pour éliminer ou décourager des comportements indésirables, comme sauter sur les gens ou aboyer excessivement.
Ainsi, la mise en place du conditionnement opérant peut donner ce qu'on appelle les 4 Quadrants qui vont définir 4 modalités d'apprentissage. Ces 4 Quadrants permettent d'illustrer qu'un apprentissage peut permettre l'apparition d'un comportement (le renforcement) ou la disparition d'un comportement (la punition). Chaque situation peut se faire en ajoutant quelque chose (positif) ou en retirant quelque chose (négatif). Ici positif et négatif ne s'entendent pas comme bien ou mal, mais comme addition/ajout ou soustraction/retrait.
La punition positive n'a donc rien de positive puisqu'elle vise à sanctionner le chien par l'ajout d'une douleur et ne peut être recommandée dans le cadre d'une éducation positive.
L'exemple le plus condamnable serait de lever la main sur le chien qui commet une erreur pour espérer que celle-ci ne se reproduise plus. Le problème réside dans la réponse cognitive suite à la peur engendrée qui risque de ralentir le processus d'apprentissage en même temps qu'elle dégradera la relation avec votre compagnon. Il est bien plus efficace d'anticiper les choses afin de pouvoir récompenser les bonnes actions.
Exemple : l'apprentissage du panier peut se faire en brimant le chien qui sort du panier (on doit donc se fâcher très souvent et risquer d'associer la panier à quelque chose de désagréable) ou bien en le récompensant chaque fois qu'il y va (on reste joyeux et on associe le panier à quelque chose d'agréable). La deuxième option est bien plus efficace !
Pour mieux comprendre, pensez à ces 4 onomatopées pour vous rappeler où vous vous situez :
Yes ! (Renforcement positif ou R+) : Le chien gagne quelque chose suite à une bonne action, par exemple une récompense lorsqu'il marche près de nous et nous regarde (À PRÉFÉRER).
Zut ! (Punition négative ou P-) : Le chien perd quelque chose suite à une mauvaise action, par exemple s'arrêter lorsque le chien tire sur sa laisse.
Ouf ! (Renforcement négatif ou R-) : Le chien gagne en confort lorsqu'on retire quelque chose de désagréable, par exemple redémarrer lorsque le chien ne tire plus et se retourne vers nous.
Aie ! (Punition positive ou P+) : Le chien perd en confort lorsqu'on ajoute quelque chose de désagréable, par exemple frapper son chien lorsqu'il tire sur sa laisse (À PROSCRIRE).
En résumé, les deux mécanismes sont différents mais peuvent se compléter afin d'enseigner à vos chiens les bonnes actions. Un point crucial de ces mécanismes est le timing, très court, entre l'action et la conséquence. C'est pour cela qu'apprendre des marqueurs sonores tels que le "oui" ou le "non" permet d'indiquer le moment d'une bonne ou mauvaise action (conditionnement classique), le temps d'y appliquer une conséquence positive ou négative (conditionnement opérant).
En cas de besoin, n'hésitez pas à me contacter pour vous accompagner dans ce travail.
Maître Doggy